BIODYNAMIE

Mas d’Alezon Catherine Roque

Mas d’Alezon
841, route de Pézenas
34600 Faugères
Tél : +33 (0) 4 67 95 19 72
Fax : +33 (0) 4 67 95 11 18
Email : mas@alezon.fr

En se lançant dans un projet de rénovation au milieu des années 1980, Catherine Roque ne se doutait pas que sa vocation d’architecte accomplie serait bouleversée. Cette aventure allait en effet la projeter au-delà des frontières de son imagination, dans la réalisation d’un rêve nouveau, en AOP Faugères.

L’archi’, vigneronne

Bâtisseuse un jour…

Catherine Roque est marquée par le sentiment de liberté et de bonheur qui l’envahissait, enfant, lors de séjours dans les vignes de son oncle. Mais elle suit son intuition et devient architecte : «Dès l’enfance, j’aimais le dessin, je voulais bâtir, construire. », raconte-t-elle.

En 1985, elle entreprend de rénover une vieille bâtisse héraultaise accrochée à quelques hectares de vignes dans la Haute Vallée de l’Orb. « J’étais persuadée que les vignerons étaient super riches ! », rit-elle aujourd’hui quand elle avoue s’être lancée dans l’aventure vigneronne dans le but de financer son projet. Une nouvelle vie commence alors au Domaine de Clovallon et Catherine se fait happer par ce métier qui bat au rythme des saisons. 

A la même époque, le plus grand vignoble du monde est en pleine effervescence : « Une identité commençait à se dessiner, se construire en Languedoc, se souvient-elle. Et moi je voulais participer à cette aventure ! ». Alors – bâtisseuse un jour, bâtisseuse toujours ? – en 1997, elle se tourne vers Faugères et crée le Mas d’Alezon. 

Le schiste comme pierre angulaire

Amoureuse inconditionnelle de Faugères, Catherine raconte que c’est d’abord par le minéral qu’elle est arrivée sur l’appellation. « Là où le calcaire est généreux, exubérant, enveloppant, le schiste va à l’essentiel, explique-t-elle. Franc, tranchant, ciselé, il marque les vins, les paysages et même les Hommes ! ». 

Consciente du temps qu’il faut parfois laisser aux vins pour apprivoiser leur complexité, elle n’hésite pas à réserver de vieux millésimes – les siens autant que ceux de ses confrères avec qui elle pratique l’échange de bouteilles : « Il y a quelques temps, j’ai ouvert un Léon Barral de plus de vingt ans d’âge, c’était absolument splendide : de la dentelle ! ». La vigneronne, qui raffole des Rieslings de Moselle allemande, est également convaincue que si les Rouges doivent au schiste une forme d’élégance aérienne, presque septentrionale, Faugères est aussi un terroir à très grands Blancs.

Mas D Alezon C Roque Jpg

Un terroir où forêts de garrigue ouvertes sur des clairières de vignes, altitude, vent et mosaïque de paysages ne sont pas accessoires : « La nature est pour ainsi dire un support qui ne nous appartient pas, explique-t-elle. Le terroir arrive, lui, quand l’Homme a trouvé sa place dans cette nature. Mais en réalité, c’est une quête perpétuelle ! ». Une nature à préserver donc, elle le prône avec force.

Le temps de construire

A ses débuts, Catherine pratique une viticulture dite « conventionnelle ». Mais en 1994, elle oublie de faire tout un tas de choses – des traitements, des amendements -, et pourtant… tout se passe bien. S’intéressant aux procédés auxquels avaient recours les « anciens » sans chimie de synthèse, elle se questionne, réfléchit, « chemine », et en vient à pratiquer une agriculture entièrement biologique dès 1998, puis la biodynamie. 

SON COUP DE FOUDRE POUR LA FINE FAUGERES

Au moment de la création du Mas d’Alezon, Mathieu Frécon propose à Catherine de vinifier ses vins « chez lui », le temps qu’elle trouve une cave sur l’appellation. Ce jour-là, elle rencontre non seulement un artisan-distillateur de haut vol mais aussi ce qu’elle appelle « l’esprit de Faugères » : la Fine Faugères. C’est un coup de foudre. Trouvant dans l’élaboration de cette eau-de-vie de terroir un prolongement du métier de vigneron, Catherine décide de rejoindre la dizaine de vignerons qui destinent une partie de leur vin à sa production. 

De fil en aiguille, Catherine s’aventure au-delà des préconisations de la bio ou de la biodynamie pour construire sa propre philosophie. Dès 1989, elle plante des arbres, parfois même à l’intérieur de ses parcelles pour préserver les gobelets centenaires qu’elle aime tant retrouver chaque année notamment au moment de la taille. Ses vignes sont enherbées pour ne pas laisser les sols à nu, et elle a installé des ruches pour favoriser les pollinisations et participer à l’équilibre de l’écosystème. Après arrachage, ses terres sont replantées en pois-chiche pendant sept ans afin de fixer naturellement l’azote dont la vigne aura ensuite besoin. Ce qui lui permet de renouer avec « cette vocation première de l’agriculteur nourricier qui s’est un peu perdue en viticulture évidemment : ça me plaît beaucoup.».

Participant lorsqu’elle le peut aux tournées organisées par le GDON de Faugères, le principe de surveillance collective du vignoble lui semble fondamental : « Cela permet de rendre la lutte bien plus efficace, de mieux appréhender le vignoble dans sa globalité mais aussi d’échanger avec les confrères ! C’est d’ailleurs aussi pour ça que j’aime Faugères : c’est comme un petit laboratoire de gens qui pensent et expérimentent. Or on a tous à apprendre les uns des autres. ».

La liberté comme garde-fou

C’est sous l’influence de sa fille Alix que Catherine s’est lancée dans les démarches de certification de ses pratiques bio et biodynamique. Car elle n’aime pas les « chapelles » et ce qu’elles ont de rigide, parfois au détriment du bon sens. 

Comme un leitmotiv, la liberté a en effet sa place à chaque étape de son travail, à la vigne comme en cave où elle élabore des vins naturels – d’ailleurs aussi appelés vins libres ou vins vivants : « Les vins vivants sont comme de jeunes chevaux sauvages, explique-t-elle. Moi, je ne suis là que pour les accompagner, en douceur. D’abord indomptés, ils finissent par se centrer. Et au fond, réussir un vin, c’est être allé là où ton vin t’a emmené. Mais c’est un travail de funambule. ». 

… bâtisseuse toujours !

Catherine, qui connaît aussi bien le métier d’architecte que celui de vigneronne, s’amuse d’y apercevoir parfois des similitudes : « Constitué de cycles courts, le temps de la vigne est pourtant long. Le vigneron doit s’y adapter : penser à long terme, tout en agissant ou réagissant vite chaque année. Mais quand on pense avoir trouvé une solution, dix nouvelles questions surgissent. En fait, c’est un métier de bâtisseur… qui construit et reconstruit perpétuellement ! » 

Puis elle ajoute, pensive et souriante : « Être vigneron finalement, c’est peut-être imaginer Sisyphe heureux. »

INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, CATHERINE ! »

Si tu étais une plante du vignoble ? L’amandier ! Il fait les premières fleurs de l’année. Belles, pures, simples, elles disent l’essentiel.

Le vin, c’est plus qu’une boisson, c’est… ? De l’émotion !

L’animal du vignoble que tu as le plus de plaisir à cotoyer ? Un rouge-queue qui me suit souvent de piquet en piquet pendant la taille. J’aime penser qu’il vient un peu pour moi.

Une citation culte ? « Je n’ai jamais gardé de troupeaux, mais c’est comme si j’en avais gardé. » Fernando Pessoa

Un accord Musique et Mas d'Alezon à suggérer ? Lomepal avec un verre de Presbytère !

© Ed. Addiss


Mas d’Alezon
841, route de Pézenas
34600 Faugères
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