CONVERSION

Le Mas Lou Olivier Gil & Adèle Arnaud

Le Mas Lou
4 rue du portail d'Amont
34600 Faugères
Tél : +33 (0) 6 77 81 06 44
Email : lemaslou@gmail.com
Site web : http://mas-lou.com

Œnologues de formation, Adèle et Olivier trouve dans le métier d’artisans-vignerons un aboutissement personnel extrêmement gratifiant. Ayant multiplié les diplômes et les expériences de terrain, le jeune couple ne conçoit pas pour autant le métier autrement que dans la capacité à s’adapter au changement, se former, apprendre. Car c’est la nature qui impose le jeu et l’homme fait du mieux qu’il peut avec les cartes qu’il a en main.

On n’a jamais fini d’apprendre !

Vous êtes tous deux œnologues de formation. Or, si Olivier, fils et petit-fils de vigneron, se destinait dès l’enfance au métier de vigneron, c’était moins évident pour vous, Adèle. Comment en êtes-vous venue à la voie du vin ?

Adèle : J’ai effectivement grandi loin du monde de la vigne, dans la campagne gersoise. Mais c’est quand même la région de l’Armagnac ! (Rires) Mon père en a même produit pendant près de quinze ans pour s’amuser avec ses amis. C’est un amateur de bonne chère et un véritable œnophile, qui a commencé à constituer sa cave vers l’âge de dix-sept ans ! Par mon éducation, j’ai donc toujours entretenu une relation assez forte avec le monde du vin : il a une aura fascinante qui impose une démarche intellectuelle mais également technique et ludique. Je ne l’explique pas vraiment mais, à dix-neuf ans, après une année linguistique en Angleterre, je savais que c’était ce que je voulais faire.

Vous vous rencontrez donc en 2004, au cours d’un parcours estudiantin qui a duré pas moins de sept ans. Pourquoi de si longues études ?

Adèle : Je venais de la filière générale, j’ai donc commencé par mettre un pied dans le technico-commercial avant de pouvoir accéder à la viticulture et l’œnologie. Et j’avais envie d’aller toujours plus loin. Le DNO* m’a permis in fined’accéder au niveau d’expertise et à la légitimité que je recherchais en tant que femme et totale « outsider ». Et je dois avouer que… j’ai pour le moins entraîné Olivier avec moi ! (Rires)

Le Mas Lou Olivier Gil

Olivier : Il est vrai que je n’aurais jamais pensé rester aussi longtemps sur les bancs de l’école ! Je suis manuel de nature et un peu phobique des examens. D’ailleurs, chaque année, je pensais que c’était la dernière ! (Rires) Mais finalement je réussissais toujours, alors je continuais ! Je ne regrette absolument pas car au final, grâce aux nombreux stages que nous avons effectués, nous avons accumulés beaucoup d’expérience : à l’arrivée, on était extrêmement à l’aise sur tous les fronts !

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Pourtant, vous faîtes le choix de ne pas vous installer de suite…

Adèle : Vigneron est un métier très sédentaire, donc avant de vraiment se lancer… On rêvait de voyager ! Alors on est parti en Amérique du Sud, avec notre sac sur le dos ! C’était extraordinaire : six mois de pure liberté, à se laisser porter par les vents. Une expérience rare, merveilleuse, qu’on n’aura sans doute plus l’occasion de vivre à nouveau…

Olivier : Et puis on avait dans l’idée de créer un domaine bien à nous : il nous semblait nécessaire d’acquérir davantage d’expérience de terrain ! On a donc aussi travaillé pour Vincent Cantié du Domaine La Tour Vieille et Philippe Gard de Coume Del Mas, sur les schistes de Banyuls et Collioure. Ce qui nous a d’ailleurs amenés aux schistes de Faugères !

C’est donc par le schiste que vous êtes arrivés en Faugères en 2014 ?

Adèle : Absolument. On aime la finesse qu’apportent ces sols aux vins, ainsi que la minéralité et la palette aromatique bien spécifique : graphite, silex, pierre à fusil. On sait bien que plus la terre est difficile, mieux le caractère du terroir ressort ! Et puis, ça peut sembler un peu poétique mais cette pierre est tellement belle et douce ! Après, dans la mesure où les vignes du père d’Olivier se trouvaient à Tourbes, à une vingtaine de kilomètres au sud de Faugères, le côté pratique de l’accès au matériel a pesé aussi dans la balance face à l’éventail des possibilités sur schiste… C’est moins poétique, mais c’est un aspect non négligeable quand on est jeune et qu’on part de rien ! 

Olivier : On cherchait aussi un terroir de semi-altitude avec une amplitude thermique élevée entre le jour et la nuit pour favoriser la fraîcheur et la finesse des vins. C’est le cas à Faugères et cela permet d’obtenir des vins où le fruit est davantage croquant et où les arômes floraux peuvent davantage s’exprimer. Ici les vignes ont une belle résistance au stress hydrique et d’autant plus lorsqu’elles sont âgées bien sûr. L’avantage ici aussi, c’est la possibilité de travailler de façon assez naturelle.


En 2019, vous entamez d’ailleurs votre conversion à l’agriculture biologique… Pourquoi avoir attendu ?

Adèle : Les vignes que nous avons achetées avaient besoin de connaître une transition en douceur afin de limiter les pertes de rendements voire un choc fatal. Quant à nous, nous ne pouvions faire les investissements matériels nécessaires que progressivement. Mais nos pratiques ont toujours été très raisonnées et on a commencé dès 2015 à utiliser cuivre, soufre et amendement organiques, à « confuser* » pour éviter l’utilisation des insecticides, à enherber un rang sur quatre… 

Olivier : On a d’ailleurs participé à des formations pour creuser un peu le sujet de l’enherbement car ici, la forêt reprend très vite ses droits quand on ne laboure pas, donc on continue à faire deux labours par an. La bascule vers la bio est aussi liée à la naissance de notre fils, Sacha : on ne veut pas l’exposer à ce type de danger et… on a envie qu’il puisse voir des coccinelles ! Pour autant, la bio a ses limites, notamment vis à vis de l’absence de solution face au problème de la flavescence dorée. Mais Faugères est une appellation très dynamique sur ce volet, comme sur l’ensemble de la recherche agroécologique et ça nous porte d’autant plus !

L’AMERIQUE DU SUD S’INVITE A FAUGERES

A la fin de leurs longues études, Adèle et Olivier décident de s’accorder six mois de répit pour voyager. Destination : l’Amérique du Sud ! Une expérience si marquante pour le jeune couple qu’il décide de donner à chacune de ses cuvées un nom qui lui rappelle la chance qu’il a eu de pouvoir réaliser ce voyage avant de planter ses racines dans les schistes faugérois.

Inti – « Dieu soleil », pour un Blanc profondément méditerranéen élaboré à base de Viognier et Vermentino en IGP Côtes de Thongue

Selva – «  Forêt », pour ce Rosé de gastronomie issu majoritairement d’une parcelle de Mourvèdre située… au milieu des bois de l’AOP Faugères !

Angako – du nom d’un petit village argentin dans lequel ils ont passé un mois en woofing, et parce que de retour en France, c’est dans le pittoresque hameau de Castelsec à Fos qu’ils s’installent.

Aksou – en référence à ce tissage bolivien qui représente le peuple qui vit sous terre. Une façon de personnifier toute la vie – visible et invisible – qui anime et fait le terroir de Faugères !

Jalka – peuple bolivien qui vit sur les hauts plateaux, comme ces vignes de Cinsault d’altitude dont on retrouve les jus dans l’assemblage de cette cuvée très confidentielle !

Tio – en hommage à ce « Dieu du monde souterrain » de Potosi (Bolivie), parfois associé au diable, et quoi qu’il en soit amateur de bonne chère et de bon vin !

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Aujourd’hui, vous vous intéressez aussi à la biodynamie…

Olivier : Oui. J’ai suivi une formation et j’expérimente cette pratique sur 4 hectares. Chaque parcelle est divisée en deux : une moitié reçoit des traitements bio, et l’autre biodynamique afin de pouvoir observer les réactions de la vigne. Mais 2019 a été la première année, donc on n’a pas encore de recul pour trancher. Idem avec les protections via écorces d’orange comme alternative au cuivre : elles ont bien fonctionné mais… sur ce millésime particulièrement clément !


Vous semblez vouloir continuer à vous former régulièrement et à expérimenter de nouvelles choses… C’est une nécessité dans ce métier ?

Adèle : Je suis moi-même encore formatrice donc je dois absolument rester « dans le coup » ! (Rires). Vigneron : c’est un métier qui demande beaucoup d’humilité, car on est confronté à quelque chose de plus fort que soi, qu’on ne maîtrisera jamais et qu’on ne connaît que trop mal : la nature. On n’aura pas assez de toute une vie pour la comprendre, mais c’est justement pour ça que c’est important d’en apprendre un peu plus à chaque génération !

Olivier : Et puis le changement climatique ne va cesser de nous demander de nous adapter. C’est très effrayant. Il faut déjà réfléchir à des solutions durables, les expérimenter, pour que nos vignes puissent elles aussi s’adapter, ce qui ne sera peut-être pas possible partout d’ailleurs. Sur celles de Tourbes qui sont plus sensibles au stress hydrique, on pense même à une diversification d’activité. Peut-être avec de l’Aloé Vera ou des grenadiers…

INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT VOUS, ADELE ET OLIVIER ! »

Si vous étiez un animal du vignoble ? Un rapace ! Pour pouvoir voir tous les magnifiques paysages d’en haut !

Si vous étiez une plante du vignoble ? Le ciste !

Le vin, c’est plus qu’une boisson, c’est… ? 

  • Adèle : une histoire
  • Olivier : ma vie !

La couleur de Faugères ? Vert

Ce qui vous met des étoiles dans les yeux ? L’avenir


Le Mas Lou
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