BIO

Domaine du Causse Noir Jérôme Py

Domaine du Causse Noir
Hameau de la Liquière
34480 Cabrerolles
Tél : +33 (0) 6 07 23 38 40
Email : jeromepy.caussenoir@gmail.com

Les rêves enfouis de l’enfance resurgissent parfois quand on ne s’y attend plus. Pour Jérôme Py, il aura été impossible de résister à l’envie de retourner à la terre. En 2011, il commence une deuxième vie. Celle de vigneron, en Faugères. Rencontre avec un vigneron que personne n’attendait, peut-être même pas lui-même.

L’inattendu

A quarante ans, vous décidez de quitter un métier dans lequel vous jouissiez d’une certaine reconnaissance pour devenir vigneron. Que s’est-il passé ?

En fait, j’avais rêvé de ça dès l’enfance, notamment parce que je passais du temps dans les vignes de mon oncle dans le Roussillon. Mais ma vocation a pour ainsi dire été empêchée – non sans heurts – lorsque j’avais dix-huit ans. Et, comme je suis quelqu’un d’entier (Rires), je n’ai plus voulu en entendre parler pendant près de vingt ans ! Je me suis installé à Montpellier où j’ai exercé tout un tas de métiers, le jour, la nuit, le jour et la nuit… Mais je m’étais juré qu’à trente ans, je serais mon propre patron. Ce que j’ai fait en créant une entreprise dans le domaine de la sécurité. Je crois que j’étais bon dans ce que je faisais effectivement, mais je le faisais sans véritable plaisir et surtout… sans passion ! Non, mais sincèrement : vous me voyez vivre sans passion ?! Moi ?! Je suis un passionné ! (Rires)

Et passion, ça rime avec… vigneron ?

(Rires) Pour moi, oui sans aucun doute ! Je ressentais un manque viscéral, qui s’explique difficilement donc, et qui concerne la terre bien avant la vigne ou le vin : j’avais besoin de toucher la terre, de la travailler. Mais j’avais aussi envie de créer et de trouver un moyen de m’exprimer dans mon métier. Ce besoin s’est fait de plus en plus pressant et j’ai commencé à y consacrer mon temps libre, chez des copains agriculteurs. Mais j’avais déjà une vie professionnelle et une vie familiale bien remplies, et il n’y a jamais que 24h dans une journée ! Alors il m’a fallu faire un choix. Aucun regret !

Causse Noir Jerome Py

En 2011, plutôt que de retourner à vos racines catalanes, vous préférez vous installer en Faugères…

J’avais bien pensé au vignoble du Roussillon que je trouve particulièrement beau effectivement. Mais je souhaitais rester à proximité de Montpellier. J’avais construit ma vie ici et je dirigeais encore – et jusqu’en 2018 d’ailleurs ! – une entreprise de cinquante salariés : on ne peut tout plaquer du jour au lendemain ! Et quand je suis arrivé à Faugères, je me suis vraiment senti en phase avec l’endroit sans trop savoir pourquoi. Les forêts sauvages qui enserrent les vignes, l’altitude qui ouvre sur un horizon dégagé, la luminosité donnent un côté romantique au lieu : c’est beau, vraiment beau. D’ailleurs, si j’avais été poète je serais venu y chercher l’inspiration ! (Rires) Et puis d’ici, je vois de Sète jusqu’au Canigou qui sont les deux lieux forts de mon enfance ! 

Les sols de schistes sont d’ailleurs un point commun entre les vignobles de Faugères et du Roussillon. Ce n’est pas un hasard quand même ?

C’est sûr : j’aime le schiste et il fait partie de ma culture ! Mais c’est aussi un sol qui induit une certaine typicité, ce que je recherchais. On retrouve dans les vins un grain fin et une sensation de fraîcheur, parfois mentholée. Mais je ne pense pas que ça vienne uniquement du schiste : c’est un tout qui englobe le reste de ce que la nature offre ici. Sans parler de l’importance des choix viticoles et œnologiques que font les vignerons. D’ailleurs, c’est un point qui m’a aussi particulièrement  séduit ici : le cahier des charges de l’appellation offre une grande liberté dans les assemblages et c’est très important quand on veut faire des vins « signés » !

Que voulez-vous dire par « vins signés » ?

Je n’ai pas décidé de devenir vigneron pour faire le pâle ersatz de celui d’un autre ! Ce que m’avait d’ailleurs plus ou moins proposé un œnologue après avoir réussi à identifier les profils qui me plaisaient… Mais non : je suis un fou d’émotion, de surprise, de transport ! Je ne bois pas pour boire, mais pour ressentir, pour rencontrer la surprise, voyager dans l’inconnu ! Je veux goûter mon vin, fermer les yeux et ressentir une émotion unique et inattendue qui me donne la chair de poule ! Ce qui me meut, c’est la recherche d’une forme de vérité dans le vin, « ma vérité »… Alors cette signature, c’est une quête. Elle se dessine à force de travail.


Id Domaine Du Causse Noir Photo Jerome Py C Olivierlebaronphotographies

Vous vous êtes engagé dans la bio dès 2013… Il y avait un lien avec votre recherche d’authenticité ?

En partie sans doute, mais pas de façon vraiment consciente. Je n’y étais pas prédestiné car je n’ai pas spécialement été bercé par ces valeurs et visions. Mais peu après mon installation, et ça va peut-être sembler un peu banal : c’est devenu une évidence. Surtout en Faugères qui est comme un petit paradis où toutes les conditions climatiques et environnementales semblent réunies ! Je sentais effectivement que c’était ce qu’il fallait faire pour tendre vers une authenticité de vin de terroir. Et puis surtout, au fond, ça me permet de me sentir en accord avec moi-même. Comme je suis autodidacte – bien qu’étant entouré, le guide, c’est mon intuition : je l’ai suivie !


Pour autant, vous insistez sur le fait que vous ne vous sentez appartenir à aucune chapelle…

Absolument. Je ne fais aucune concession sur mes idéaux et mes valeurs, mais je fuis le conformisme, la facilité et les raccourcis comme on fuit… le coronavirus ! (Rires) Ça vaut pour tout ! Même pour la bio ! Je vais d’ailleurs expérimenter l’utilisation de lécithine pour utiliser moins de cuivre sur les années qui présentent un fort risque d’attaque de mildiou : 2018 m’aura servi de leçon ! Rester vif, ouvert, réfléchir en permanence, se remettre en question, et ne pas se mettre d’œillères, c’est primordial quand on veut éviter les murs. Tous les avis et toutes les innovations m’intéressent. Ensuite, je fais le tri, j’essaie éventuellement, je tire les conclusions qui s’imposent : notre vie n’est jamais qu’une succession d’expériences, d’apprentissages et d’adaptations ! 

Quant aux insecticides, vous n’en utilisez aucun, et avez recours à la confusion sexuelle. C’est que vous êtes aussi un peu passionné par les abeilles…

Ah les abeilles ! Je les adore ! (Rires) Leur organisation sociale est basée sur l’entraide : c’est merveilleux ! Elle m’oblige au calme et à la délicatesse car elles sont très sensibles aux émotions. Je peux passer des heures à les observer : elles sont de ces petits miracles du quotidien qui me laissent sans voix. Et qu’il faut préserver aujourd’hui plus que jamais ! Je compte d’ailleurs mettre de nouvelles ruches dans mes vignes. Et puis, les abeilles, ça fait du miel. Et le miel, c’est bon ! (Rires)

INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, JERÔME ! »

Si tu étais un animal du vignoble ? Une pipistrelle ! Dans le Vaucluse, les vignerons m’appellent Batman…

Un accord Musique & Causse Noir à suggérer ? Bashung avec Caïus !

Ta devise ? Les pieds dans la glèbe et la tête dans les étoiles !

Si tu étais un cépage ? Le Mourvèdre : tout en équilibre, comme moi quoi !

La couleur de Faugères ? Ambre lumineuse


Domaine du Causse Noir
Hameau de la Liquière
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