Domaine de Cébène Brigitte Chevalier

L’apprentissage de la langue des vignes

Originaire de Bordeaux, Brigitte a grandi dans une famille d’œnophiles, amateurs de grands vins. 

Enfant, elle passe ses temps libres à jouer dans les vignes du Médoc, baignées de la lumière si particulière de cette région de l’Estuaire.

Mais elle rêve d’horizons plus lointains et veut devenir interprète. Diplômée de langues étrangères, et après plusieurs séjours professionnels en Europe et en Afrique Australe, elle décide finalement de revenir s’établir à Bordeaux. Elle n’a pas oublié les vignes de son enfance, et le monde du vin n’a jamais cessé de la captiver. Elle va suivre des cours d’œnologie pour s’approcher de ses mystères et entamer une deuxième carrière. 

Ses nouvelles activités professionnelles l’amènent à découvrir d’autres grands vignobles, ceux de la Rive Droite à Saint-Emilion et d’autres plus lointains encore. C’est ainsi qu’elle commence à apprendre la langue des vignes et du vin et que son destin se dessine. On est en 2005 et, comme elle l’avait toujours souhaité, elle s’apprête à devenir interprète, l’interprète d’un terroir, de son propre terroir : elle sera vigneronne et produira ses propres vins !

Cébène : un nom mythique   

La légende raconte que Cébenna, fille des Titans, a donné la forme de son corps au massif montagneux du Caroux, en mourant d’amour. 

Brigitte peut apercevoir la montagne mythique depuis certaines de ses vignes. 

Femme du vin, sensible à la nature, elle a donné le nom de Cébène au Domaine qu’elle a créé, pour rendre hommage à la déesse du Languedoc.

Le choix de l’accent faugerois

En 2007, après deux années de recherche, elle découvre sur les hauteurs de Faugères le vignoble tant espéré, celui qui lui permettra d’élaborer les vins dont elle rêve. Le soleil promet la puissance, tandis que l’orientation nord des coteaux sélectionnés et les bois d’altitude du Parc Régional du Haut-Languedoc autorisent la fraîcheur. Et le schiste nourrit la vigne d’une minéralité que ses vignes vont chercher en profondeur. « Ici, le vignoble a quelque chose de sauvage et de secret. », explique-t-elle.

Le terroir de Faugères lui parle et elle veut faire partager ce qu’il lui dit. « Il fait partie des plus grands terroirs viticoles, explique-t-elle encore.  Il permet de produire, naturellement, des vins à la fois complexes, élégants et subtils. Ceux que j’aime. ». Brigitte acquiert une dizaine d’hectares de vignes, pour la plupart plantées en courbes de niveaux, une particularité de l’AOP Faugères, et depuis « belle lurette », nom qu’elle donnera d’ailleurs à l’une de ses cuvées. En 2008, elle élabore son premier millésime. Le Domaine de Cébène est né. 

La promesse de « parler terroir »

Pour Brigitte, produire un vin consiste pour ainsi dire à parler terroir : « Ce qui m’anime, explique-t-elle, c’est de produire des vins qui portent l’ADN de Faugères, ses paysages, la nature d’ici, la faune et la flore. La conduite du vignoble en bio était une évidence, dès mon installation ». Car parler terroir implique de le préserver pour qu’il puisse s’exprimer dans le verre.

Une quinzaine d’années plus tard, elle constate avec joie : «Au fil des ans, grâce à mes efforts, mes vins gagnent en complexité, en droiture, en profondeur».

Pratiquant aussi la biodynamie, sans avoir encore achevé sa conversion, elle veut aller plus loin. Elle s’emploie à améliorer chaque année l’équilibre des vignes dans son milieu naturel, un travail d’artisan qui sait parler terroir. 

Le chai du Domaine de Cébène est enserré dans les schistes. Il a été conçu dans le souci de durabilité et d’écologie. Sa conception permet le travail par gravité et préserve ainsi la qualité des baies récoltées tout en bénéficiant d‘une isolation thermique naturelle.

Avec le concours de l’Association Pierres Sèches de Faugères, Brigitte restaure régulièrement les murets de pierres sèches autour de ses parcelles. « La technique de construction en pierres sèches est un art véritable qui relève de l’universel, raconte-t-elle : il relie l’homme à son histoire, ses paysages et son environnement ». 

Plus que jamais d’actualité, le maintien de haies le long des parcelles permet le développement de la biodiversité et protéger le vignoble des excès climatiques. Brigitte travaille actuellement à un projet de replantation d’arbres régionaux et d’espèces endémiques, avec les conseils d’une équipe de spécialistes.

L’immersion dans la communauté faugèroise

Pour Brigitte, le terroir, c’est aussi la rencontre des hommes et des femmes qui partagent la passion du vin, des réflexions et des convictions, des rêves, sur un territoire délimité unique. Elle apprécie de pouvoir échanger régulièrement avec ses confrères et consœurs. Quand on lui demande ce qu’elle pense du projet collectif de l’AOP, elle répond avec une émotion qui trahit la force de son engagement : « C’est ça une appellation : aller ensemble quelque part, trouver des solutions. L’urgence environnementale est là, et notre rôle d’agriculteur, c’est aussi de contribuer à éveiller les consciences. Là, ensemble, on est sur le bon chemin, et notre message a plus de force ! ».

INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, BRIGITTE ! »

Ton lieu préféré sur l’AOP Faugères ? Dans mes vignes, sur la colline où le vent du nord souffle le plus... Il y a une énergie incroyable, comme si on pouvait tout à coup vraiment communiquer avec les éléments !

Une cuvée d’ailleurs à suggérer ? La cuvée Silex du Domaine Didier Dagueneau en Val de Loire : un pur bonheur !

Un accord Musique & Cébène à suggérer ? After midnight  de JJ Cale avec un verre de Belle Lurette à la tombée de la nuit… Quand elle nous enveloppe de ses musiques, de ses parfums, de son mystère, et qu’on peut sentir l’insaisissable. 

Si tu étais un cépage ? Le Carignan, pour sa capacité de résilience, ses compétences pour résister à des évènements climatiques difficiles.  Il sait aussi parler du pays et établir entre cent générations humaines présentes, disparues ou à venir, un lien sacré.

 Si tu étais un hashtag ? #YesWeCan !