Et au delà... l'équilibre de l'écosystèmeun terroir soigné

Terroir Cabrerolles

Pour un nombre grandissant de vignerons de Faugères, l’agriculture biologique est loin d’être une fin en soi : ils tendent vers un idéal de viticulture qui prend en compte l’équilibre de l’écosystème tout entier. Mais la constitution d'un véritable "agroécosystème" nécessite une compréhension et une gestion très subtile des forces en présence ; beaucoup d'expérimentations restent à mener pour trouver l'équilibre...

La polyculture

Traditionnelle jusqu’à la première moitié du XXème siècle avant d’être abandonnée, la polyculture connaît un fort regain d’intérêt et se développe à nouveau depuis plusieurs années sur l’appellation Faugères. Elle passe entre autres par :

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  • la plantation d’espèces végétales variées : arbres fruitiers, "enherbement" semé (voir plus bas), haies hautes et épaisses entre les parcelles ou à leurs abords, parfois même à l’intérieur. 
  • l’élevage ou le pâturage d’animaux : des bovins dont les excréments favorisent tout particulièrement la vie des sols, des moutons qui se nourrissent de l’herbe des parcelles en période hivernale, devenant alors des « moutondeuses » !

Les bénéfices de la polyculture sont nombreux et interconnectés.

Elle favorise la biodiversité des sols mais aussi celle de l’écosystème tout entier, ce qui permet de créer les conditions optimales pour la culture de la vigne :

  • La diversité des insectes dans le milieu limite la multiplication d’une espèce en particulier, qui pourrait le cas échéant envahir le territoire et porter préjudice à la vigne.
  • Les arbres constituent des abris et des lieux de nidation pour la faune auxiliaire : oiseaux, reptiles et chauve-souris se nourrissent d’insectes, dont certains ravageurs de la vigne.
  • La vie des sols est favorisée naturellement, par l’intermédiaire des interactions entre végétaux, mais aussi par celui de certaines espèces de vers de terre qui creusent de profondes galeries et lui permettent de respirer. Les racines des divers végétaux présents « tiennent » les sols, limitant leur érosion, et contribuent à les oxygéner.
  • Les vignes sont davantage protégées lorsque des barrières naturelles empêchent les vecteurs de maladie de se propager.


L’enherbement

img-autoLongtemps considérée comme un ennemi de la vigne avec laquelle elle entre en concurrence, l’herbe est de plus en plus observée comme une alliée… lorsque sa vigueur est maîtrisée !

Qu’il soit spontané ou non, l’enherbement des interrangs permet en effet d’entretenir la vie des sols et de créer un couvert végétal qui le protège du froid en hiver et des brûlures du soleil en été. De nombreux vignerons le pratiquent désormais, ne labourant plus les sols qu’occasionnellement et en surface. Ils se munissent alors d’outils permettant de le maîtriser de façon mécanique et donc respectueuse de l’environnement. A noter : le désherbage chimique est interdit sur les interrangs par le cahier des charges de l’AOC Faugères.

Le GIEE* Les Enherbeurs est particulièrement impliqué dans cette pratique : en partenariat avec l’INRA, ces quatre vignerons de Faugères ont mis en place un protocole expérimental ayant pour but, à terme, d’avoir un retour sur les bénéfices de l’enherbement spontané ou les semis spécifiques sur les interrangs. 

*GIEE : Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental

Les courbes de niveauximg-auto

Pour faciliter le travail de la vigne, les ceps ont été plantés en suivant les courbures de nombreux coteaux parfois très pentus de l’appellation. Ce mode de plantation a aussi l’avantage de limiter l’érosion des sols, puisqu’ils sont retenus en cas de fortes pluies.

La restauration de murets

Vestiges de temps lointains, les nombreux murets de pierres sèches qui jalonnent le vignoble ne sont pas de simples atouts paysagers ! Ils contribuent eux aussi à limiter l’érosion des sols en les retenant, mais ils constituent également des abris privilégiés pour la biodiversité. Le grand lézard vert, très friand d’insectes et de larves, les affectionne tout particulièrement !

img-autoL’Association Pierres Sèches de Faugères intervient chaque semaine sur l’appellation, souvent à la demande des vignerons, pour restaurer ou construire des murets. Depuis novembre 2018, l'art de la construction en pierre sèche fait partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (UNESCO).

Pour aller plus loin consulter le Site de l'Association Pierres Sèches de Faugères.